En 1965, la Juve atteint pour la première fois de son histoire une finale européenne. Engagés en coupe des villes de foire, les bianconeri ont un parcours laborieux avec des qualifications acquises à chaque fois au forceps : deux victoires minimales contre l’Union St Gilloise (1-0;1-0), un seul but inscrit contre le Stade Français (0-0;1-0), le recours au match d’appui contre le Lokomotiv Plovdiv (1-1;1-1;2-1 avec un doublé de Sivori) en 1/4 de finale et l’Atlético de Madrid en 1/2 finale (3-1;1-3;3-1). La Juve a l’avantage de jouer cette finale sur un match unique à Turin contre les hongrois de Ferencvaros. L’avantage du terrain ne suffit pas : les turinois sont battus 1-0 et voient ainsi s’échapper leur première opportunité d’inaugurer leur palmarès européen.
La Juve s’avère incapable de confirmer ses progrès européens les deux saisons suivantes : le club est défait en coupe d’europe des vainqueurs de coupe (première participation) 1965-66 dès le premier tour contre Liverpool (1-0;0-2). En 1966-67, c’est le Dynamo de Zagreb qui stoppe l’aventure européenne turinoise en 1/4 de finale de la coupe des villes de foire (2-2;0-3).
La saison 1967-68 marque le retour du club en coupe des champions après six ans d’absence. Les turinois parviennent jusqu’en demi-finales (Olympiakos 0-0,2-0 ; Rapid Bucarest 1-0,0-0 ; Eintracht Braunschweig 2-3,1-0,1-0) où ils ne peuvent rien faire contre le Benfica d’Eusebio (0-2;0-1). Le bilan de ce parcours est toutefois encourageant car jamais la Juve n’avait atteint ce stade de la compétition en C1.
Ce coup d’éclat reste malheureusement sans suite comme en témoignent les défaites dès le second tour de la coupe des villes de foire en 1968-69 contre les allemands de Francfort (0-0;0-1) et en 1969-70 contre le Hertha Berlin (1-3;0-0).
Au début des années 70, c’est une jeune et prometteuse génération de joueurs italiens (Bettega, Causio, Capello…) qui part à l’assaut de l’Europe. Cette Juve rajeunie fait une entrée fracassante sur la scène européenne en atteignant la finale de la coupe des villes de foire 1971 après un parcours quasi-parfait. Le premier tour contre les luxembourgeois de Rumelange n’est qu’une formalité (7-0 dont 4 buts d’Anastasi et 4-0). En 1/16ème de finale, c’est un adversaire autrement plus redoutable qui se présente à la Juve : le FC Barcelone, double vainqueur de l’épreuve en 1958 et 1960. Les turinois réussissent la performance de battre les espagnols chez eux 2-1, grâce notamment à un grand match de Häller , auteur du premier but. Le jeune Bettega inscrit le second. Le match retour se solde sur un score identique (2-1 buts de Capello et Bettega). Les turinois écartent ensuite les hongrois de Dozsa (1-0;2-0 doublé d’Anastasi) et se retrouvent en 1/4 de finale contre les hollandais de Twente. Le match aller à Turin est remporté facilement 2-0 mais les hollandais comblent leur retard au match (2-0 à la fin du temps réglementaire). C’est une nouvelle fois Anastasi qui joue les sauveurs en marquant deux fois durant les prolongations. En demi-finales, les allemands de Cologne sont éliminés plus facilement (1-1 et 2-0). La Juve s’ouvre ainsi les portes de sa seconde finale en coupe des villes de foire après celle perdue de 1965.
La rencontre aller se joue contre Leeds le 26 mai à Turin, le jour même où décède Armando Picchi, l’entraîneur turinois de l’époque. Un violent orage impose le report du match 2 jours plus tard, le 28 mai : la Juve mène deux fois au score par Bettega puis Capello mais se fait rejoindre à chaque fois (2-2). La Juve n’arrive pas à renverser le score en Angleterre malgré un nouveau but d’Anastasi (1-1). Les bianconeri perdent ainsi la finale à cause de la règle des buts marqués à l’extérieur, tout en étant restés invaincus dans cette compétition.
Après une autre saison en coupe de l’UEFA (ex-coupe des villes de foire) en 1971-72 (défaite en 1/4 de finale contre Wolverhampton), la Juve nouvelle génération des Bettega, Zoff, Capello et Causio entre en lice dans la coupe des champions. Les bianconeri éliminent successivement Marseille (0-1;3-0), Magdebourg (1-0;1-0), Ujpest Dozsa (0-0;2-2), Derby County (3-1;0-0) et se retrouvent en finale contre l’Ajax de Cruyff.
Cette finale provoque un engouement sans précédent chez les tifosi de la Juve : plus de 40 000 d’entre eux effectuent le déplacement à Belgrade, lieu de la finale. Malgré ce soutien, les bianconeri ratent encore une fois leur rendez-vous européen. Cueillis à froid par un but de Rep dès la 4ème minute, les turinois n’arrivent pas à percer le système défensif hollandais malgré le trident offensif Bettega-Anastasi-Altafini. Cette rencontre se solde ainsi par une troisième finale européenne perdue (1965, 1971, 1973) : le club piémontais semble victime d’une malédiction européenne : le “tabù europeo” est alors plus que jamais collé à la peau du club.
Malgré cette défaite, la Juve a une nouvelle occasion quelques mois plus tard de remporter son premier trophée continental : l’Ajax renonce pour des rasions économiques au déplacement à Buenos Aires pour disputer la coupe intercontinentale contre les argentins de l’Independiente. En tant que finaliste de la dernière C1, la Juve remplace l’Ajax et réussit même à déplacer le lieu du match à Rome. Cela ne suffit malheureusement pas au club pour remporter le trophée (défaite 0-1) : la Juve est décidément maudite…
La Juve ne réussit pas à rééditer les saisons suivantes sa performance de 1973 et retombe dans ses travers européens : élimination au premier tour de la C1 1973/74 et au second tour en 1975/76.
La saison européenne 1974/75 en coupe de l’UEFA constitue une autre occasion manquée : après avoir éliminé l’Ajax en 1/4 de finale, la Juve est battue par les modestes hollandais de Twente alors que les portes de la finale semblaient grandes ouvertes à des bianconeri grands favoris de cette rencontre.
